Les lombalgies aiguës bien que guérissant dans 90% des cas spontanément en 4 semaines, se renouvèlent bien trop souvent (60 à 85%) dans les mois qui suivent l’épisode. Les dépenses engendrées sont faramineuses pour la société. Il semble donc incontournable dans le but d’optimiser les dépenses de santé, d’agir sur la prévention des récidives d’épisodes douloureux et sur l’évolution d’une douleur aiguë à chronique.
Lombalgie : état des lieux
La lombalgie ou douleur lombaire est un symptôme extrêmement fréquent caractérisé par des douleurs au niveau de la partie basse du dos. On estime en effet, que près de la moitié de la population française a eu dans l’année, au moins un épisode douloureux.
Une douleur est dite :
- Aiguë lorsqu’elle dure depuis moins de 4 semaines ;
- Subaiguë quand la durée de l’épisode douloureux est comprise entre 4 et 8 semaines ;
- Chronique au-delà de 3 mois.
La lombalgie aiguë est le deuxième motif de consultation et la lombalgie chronique le huitième. Les douleurs lombaires représentent un enjeu majeur de santé publique en raison des répercussions sur la qualité de vie chez les très nombreux patients lombalgiques.
De plus, une lombalgie sur cinq entraînerait un arrêt de travail. En effet, malgré une origine multifactorielle de la lombalgie, les facteurs de risques professionnels sont très importants. Si bien qu’un troisième plan santé au travail (2016-2020) est en cours et définit comme prioritaire la prévention des troubles musculo-squelettiques.
Par ailleurs, la prise en charge de ces patients, en comptant les coûts directs (traitements, hospitalisations, consultations) et indirects (perte de productivité, indemnités, etc.) entraîne de grosses dépenses dans les pays industrialisés. D’autant plus que ces dépenses sont générées majoritairement (à 80%) par les lombalgies chroniques qui ne concernent que 10% des patients.
Les recommandations pour éviter la chronicisation des douleurs
Plusieurs autorités de santé françaises ont déjà émis des recommandations concernant la prise en charge d’un patient lombalgique : d’abord l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) en 2000, l’HAS (Haute autorité de santé) en 2005 et la société française de médecine du travail en 2013.
L’ensemble de ces recommandations s’accorde sur les 4 points suivants :
- Chaque patient lombalgique doit faire l’objet d’une recherche approfondie : exclure toute cause de lombalgie symptomatologique (c’est-à-dire symptôme d’une pathologie), évaluer l’intensité et déterminer les caractéristiques de la douleur, rechercher des facteurs psychologiques et socioprofessionnels ;
- La lombalgie aiguë ne doit pas être traitée par kinésithérapie, mais de manière médicamenteuse ;
- Les examens d’imagerie ne sont pas recommandés avant 7 semaines ;
- Il est essentiel que le patient poursuive une activité physique et/ou professionnelle afin d’éviter la chronicisation de ses douleurs lombaires.
Les recommandations étrangères conduisent également à ces conclusions.
Ainsi, la Cnamts (caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) propose un modèle de prise en charge de la lombalgie en 3 étapes :
- Lombalgie aiguë : initiation précoce d’un traitement antalgique ;
- Lombalgie subaiguë : réévaluation du traitement et des facteurs de risque et demande d’un avis spécialisé ;
- Lombalgie chronique : orientation du patient vers une consultation spécialisée et multidisciplinaire.
Dans ce cadre, un « livre du dos » peut être remis au patient par son médecin traitant. Ce livre réalisé en 1996 par une équipe anglaise vient d’être remis au goût du jour dans le but d’accompagner et rassurer les patients sur leurs douleurs.
Charline D., Pharmacienne
– Lombalgie : l’enjeu de la chronicisation. Le quotidien du médecin. Le 13 avril 2017.
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