Face à la lombalgie qui touche des millions de Français, les anti-inflammatoires arrivent bien souvent en première ligne de traitement. Mais, ces médicaments pourraient-ils, sur le long terme, rendre les douleurs lombaires chroniques ? C’est ce que suggère une récente étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine.
Lombalgie et anti-inflammatoires
La lombalgie est une pathologie très fréquente au sein de la population dans sa forme aiguë. Au-delà des douleurs, la principale complication de la lombalgie est le passage à la chronicité pour une partie des patients. Encore aujourd’hui, les médecins s’interrogent sur les mécanismes impliqués dans le passage de la lombalgie aiguë à la lombalgie chronique.
Sur le plan thérapeutique, les recommandations actuelles indiquent que les traitements de première ligne de la lombalgie sont :
- L’administration de paracétamol ou d’antiinflammatoires (non stéroïdiens ou stéroïdiens) ;
- Des séances de kinésithérapie ;
- Une activité physique douce.
Récemment, des chercheurs ont étudié l’impact des anti-inflammatoires, parfois prescrits au long cours chez les patients sujets à la lombalgie.
Quand les anti-inflammatoires favorisent les douleurs chroniques
Pour comprendre l’impact à long terme des anti-inflammatoires, les chercheurs ont étudié les mécanismes de la douleur à la fois chez la souris et chez l’Homme. Leurs travaux ont montré que les neutrophiles, une catégorie de globules blancs, jouent un rôle dans le soulagement de la douleur. Or, les neutrophiles sont parmi les premières cellules du système immunitaire mobilisés dans les premières phases de l’inflammation.
Le blocage des neutrophiles chez la souris impliquait une douleur prolongée la prolongation de la douleur jusqu’à dix fois plus que la durée normale. En traitant les souris avec des médicaments anti-inflammatoires (à la fois stéroïdiens et non-stéroïdiens), le même effet de prolongation de la douleur était obtenu.
Vers de nouvelles recommandations de prise en charge ?
Par ailleurs, les chercheurs ont collecté des données sur une cohorte de 500 000 personnes, souffrant de lombalgie. Le suivi de ces patients a révélé que la prise d’anti-inflammatoires pour réduire les douleurs lombaires était significativement associée à un risque majoré de souffrir de lombalgie entre deux et dix ans plus tard. Les autres traitements des douleurs lombaires ne présentent pas ce phénomène :
- Le paracétamol ;
- Les antidépresseurs utilisés pour soulager les douleurs neuropathiques.
De telles données semblent indiquer que l’usage des anti-inflammatoires pour soulager des douleurs lombaires aiguës pourrait augmenter le risque de douleurs chroniques dans les lombaires. Cette étude pourrait amener les scientifiques à totalement repenser la prise en charge de la douleur lombaire. L’inflammation associée à la douleur ne serait pas un mécanisme anodin et bloquer cette inflammation pourrait contribuer à prolonger la douleur.
Estelle B., Docteur en Pharmacie