Le stade de protrusion discale • La hernie discale
Le stade de protrusion discale
Le mécanisme
Il correspond à un « dégonflement » progressif et naturel du disque
Il est caractérisé par un bombement régulier sur toute la circonférence du disque, qui déborde le pourtour des corps vertébraux au-dessus et au-dessous du disque.
Les mécanismes de remplissage du noyau liquide situé au centre du disque fonctionnent moins bien. La pression du liquide diminue : la hauteur du disque diminue, et son diamètre augmente. On peut comparer ce mécanisme à celui d’un pneu de bicyclette qui se dégonfle.
Conséquences mécaniques
La mobilité et les propriétés de « suspension » du disque intervertébral se réduisent progressivement.
Les articulaires en arrière constituent avec le disque un « trépied ». La hauteur du disque diminuant, elles sont progressivement soumises à une augmentation de contrainte sur les facettes articulaires sensibles.
Cette augmentation de contrainte est l’un des mécanismes des douleurs lombaires, dites « articulaires ». Ces douleurs augmentent lorsque l’on cambre les lombes.
Qui est atteint ?
La protrusion discale est l’une des images régulièrement décrite sur les compte-rendus de scanner ou d’IRM.
Si on la retrouve chez des patients souffrant de lombalgie, on la retrouve aussi chez des personnes qui n’ont pas mal au dos.
La protrusion traduit une évolution naturelle disque, pas nécessairement douloureuse.
Dans le cas d’une sciatique, une protrusion peut aggraver la douleur.
La douleur
Deux phénomènes différents peuvent produire la douleur.
Les douleurs lombaires conséquences de la protrusion sont principalement liées à l’augmentation de pression sur les différentes structures sensibles : articulaires postérieures, ligamentaires et plateaux vertébraux.
De plus, en perdant de sa sphéricité hydraulique, la bille liquidienne centrale modifie l’harmonie des mouvements du disque et des deux articulaires à l’arrière de la vertèbre. Ce « trépied » est déséquilibré, instable et présente « un jeu » dans son fonctionnement. Ceci peut parfois provoquer un lumbago (blocage des structures articulaires de deux vertèbres). Ce lumbago correspond à un accrochage des surfaces de glissements des deux articulaires, associés à des étirements des structures stabilisatrices (ligaments articulaires, capsule articulaire, muscles…).
Évolution
La protrusion est une étape naturelle du vieillissement du segment mobile de la colonne vertébrale.
Elle peut évoluer vers une disparition complète et progressive du noyau, en commençant par les disques les plus bas, et en remontant progressivement aux disques supérieurs .On parle alors d’insuffisance discale.
Elle peut simplement se manifester par une perte de souplesse locale qui peut être compensée en maintenant une souplesse globale de la colonne et une participation des jambes aux mouvements et aux efforts.
Ainsi, si tout le monde est concerné à un moment de son vieillissement par la lombalgie, seulement un petit nombre évoluera vers un handicap important.
Quand la rechercher ?
La protrusion se retrouve souvent dans le descriptif détaillé des comptes rendus d’imagerie. Elle fait partie du paysage habituel décrit par le radiologue.
Lorsque l’imagerie (IRM ou Scanner) est demandée , c’est essentiellement lorsque devant une douleur sciatique, on cherche s’il existe une structure discale, osseuse ou autre qui entre en conflit avec le nerf responsable de la douleur dans la jambe.
Le mot clef à rechercher sur le compte rendu n’est pas le mot protrusion, qui traduit simplement une forme anatomique, mais l’expression « conflit avec la racine responsable de la douleur » qui signifie que cette particularité anatomique est douloureuse.
La hernie discale
Le mécanisme
L’hernie discale est une proéminence qui sort de la circonférence normale de l’anneau du disque intervertébral. Contrairement à la protrusion, elle ne « dépasse » que dans une seule direction.
Si cette proéminence entre en conflit avec un nerf (elle le touche ou le comprime), elle déclenche une douleur qui s’étend sur le trajet du nerf.
Si cette proéminence n’entre en conflit avec aucune structure sensible, elle ne déclenche pas de douleur. C’est le cas de la majorité des hernies discales.
La hernie se constitue soit brutalement, soit progressivement. Le liquide du disque se crée un passage par fissuration des anneaux circulaires de « l’annulus » qui l’enserre. Ce passage permet la migration du contenu du noyau liquide vers la périphérie du disque. Ce mécanisme peut être déclenché dans des situations variées, mais pas exclusivement lors d’efforts violents. En effet, il n’est pas rare de retrouver comme mécanisme déclencheur la position du lavage des dents lors de la toilette du matin.
La douleur
Les noyaux liquides du disque peuvent migrer pour donner une hernie discale aussi bien en avant, sur les cotés qu’en arrière.
Si elle se développe dans la direction du nerf sciatique (qui passe le long de la colonne), elle provoque par contact direct (pression) la douleur qui irradie le long du nerf, de la fesse au pied.
L’autre conséquence d’une hernie discale peut être le lumbago discal. Le noyau liquide du disque se comporte comme le pignon d’un trépied composé du disque et des deux articulaires arrière. Ce sont les mouvements de bascule des deux articulaires arrière autour du noyau liquide qui permettent les mouvements de la colonne vertébral. Si l’axe de mobilité du trépied (le noyau liquide) est décentré, il peut se produire un blocage des articulaires, ou lumbago.
Évolution
La hernie est l’une des modalités naturelles du vieillissement du segment mobile rachidien.
Dans la majorité des cas, son évolution se fait spontanément vers une diminution de la douleur.
Différents mécanismes participent à cette évolution favorable :
- réduction des phénomènes inflammatoires,
- remaniement pour colonisation capillaire de la partie herniaire,
- dessèchement du noyau qui » rentre » dans le disque.
Quand la rechercher ?
Devant toute douleur irradiant de la fesse au pied amenant au diagnostic de lombosciatique ou de lombocruralgie qui résiste au temps, on recherche par l’imagerie (Scanner ou IRM) un éventuel conflit entre la racine nerveuse responsable de la douleur et une structure vertébrale (la hernie discale étant une des causes possibles de ce conflit).
En dehors de ce contexte, le fait que l’imagerie retrouve une hernie discale sans conflit, ou située sur une autre partie de la colonne que celle impliquée dans la douleur, ne présente aucun intérêt.