Thérapies non pharmacologiques et lombalgie du sportif : quels effets ?

Bien qu’elle soit excellente pour la santé, la pratique d’une activité sportive n’est pas sans risque. Preuve en sont les nombreux athlètes qui souffrent de lombalgie à cause d’un entraînement physique trop soutenu. Or ces douleurs peuvent impacter sur leurs performances voire les contraindre à une retraite anticipée ! Une équipe de chercheurs canadiens a réalisé une revue systématique de la littérature scientifique afin d’identifier les traitements non pharmacologiques les plus efficaces contre la lombalgie du sportif.

Lombalgie du sportif : des facteurs de risques spécifiques

Contrairement à la population générale où sédentarité et obésité peuvent causer des maux de dos, les sportifs sont sensibles à d’autres facteurs de risque. Un entraînement important, des périodes d’activité intenses ou encore une carrière sportive longue de plusieurs années peuvent en effet contribuer à l’installation d’une lombalgie. On estime d’ailleurs que 18 à 65 % des sportifs souffrent de lombalgie, avec ou sans irradiation dans les membres inférieurs. Ce pourcentage varie bien évidemment en fonction de la discipline sportive pratiquée.

A ces facteurs de risque s’ajoutent des facteurs d’aggravation du risque de lombalgie chez le sportif. Car certains athlètes de haut niveau ne souhaitant pas renoncer à leur quête effrénée de performance observent mal les traitements pharmacologiques qui leur sont prescrits ou bien reprennent trop tôt une activité physique. C’est pourtant leur carrière sportive qu’ils mettent en danger avec le risque bien réel de devoir y mettre fin de manière prématurée.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs canadiens de l’université Western (Ontario) a souhaité identifier les traitements non pharmacologiques les plus efficaces contre la lombalgie du sportif à travers une revue systématique de la littérature scientifique.

Traitements non pharmacologiques : quel intérêt ?

Pour mener à bien ce travail, l’équipe s’est appuyée sur des publications référencées au sein de différentes bases de données scientifiques  ainsi que sur de la littérature grise.

À savoir ! Par « littérature grise », on entend tout document produit par diverses instances(publiques, commerciales ou industrielles), soumis aux règles de la propriété intellectuelle, mais non contrôlé par l’édition commerciale.

C’est ainsi que sur 1 605 documents trouvés, seuls 14 essais contrôlés randomisés ont retenu l’attention des chercheurs. Ils regroupaient :

• 541 sportifs dont deux tiers d’hommes
• D’âge moyen 30 ans
• Pratiquant 12 sports différents

Les thérapies évaluées comprenaient l’exercice physique, les thérapies manuelles ainsi que les modifications biomécaniques (chaussures ou équipements instables).

Des études à approfondir

Il ressort de cette analyse que, contrairement au repos, les thérapies basées sur l’exercice physique comme les pilates ou le Swiss ball permettaient de réduire la douleur liée à la lombalgie et d’améliorer la fonction lombaire. Parmi les exercices passés à la loupe, ce sont les exercices dynamiques et spécifiques au sport qui semblent être les plus efficaces. Les exercices d’équilibre et de stabilité, n’ont pas démontré de meilleure efficacité sur le long terme. Quant aux thérapies manuelles (massages et manipulations vertébrales) et aux modifications biomécaniques, cette revue de la littérature ne fournit pas assez de preuves pour attester de leur intérêt dans la lombalgie du sportif.

Les auteurs de cette analyse concèdent que les recherches sur le sujet restent à approfondir. En attendant, comment prendre en charge les sportifs souffrant de lombalgie ? Les recommandations publiées pour la population générale semblent constituer une bonne base. Il conviendrait néanmoins d’y ajouter des recommandations spécifiques aux sportifs (gestion de la douleur, retour à la pratique) selon les contraintes de chaque discipline.

Déborah L., Docteur en Pharmacie