Selon les estimations, entre 66 et 75 % de la population française souffre à au moins un moment de sa vie de lombalgie, des douleurs lombaires qui peuvent devenir chroniques et fortement impacter la qualité de vie. Récemment, un essai clinique international de phase III a confirmé l’intérêt d’un nouvel anticorps, le tanezumab, pour soulager les douleurs liées à la lombalgie chronique.
La prise en charge de la lombalgie chronique
Actuellement, la prise en charge de la lombalgie chronique repose sur une approche pluridisciplinaire comprenant principalement :
- De la kinésithérapie ;
- De l’ergothérapie ;
- Un traitement médicamenteux pour soulager les douleurs lombaires ;
- Une psychothérapie ;
- La chirurgie.
La mise au point de nouveaux traitements efficaces contre la lombalgie chronique constitue un enjeu important pour améliorer la vie quotidienne des patients atteints de cette pathologie. Dans ce contexte, des essais sont en cours pour évaluer l’intérêt du tanezumab, un anticorps monoclonal capable d’inhiber la transmission nerveuse du signal douloureux.
Le tanezumab efficace contre la lombalgie chronique
Ce médicament, déjà testé dans des essais cliniques de phases I et II et également évalué dans le traitement de l’arthrose, a récemment été testé dans le cadre d’un vaste essai clinique international de phase III. Cet essai a été mené dans huit sites répartis en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et a inclus environ 1 800 patients atteints de lombalgie chronique réfractaire à au moins trois types de traitements contre la douleur. Les patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes :
- Un groupe recevant du tanezumab, à raison d’une dose sous-cutanée tous les deux mois pendant 56 semaines ;
- Un groupe recevant un placebo sur la même période.
A l’issue de la période de suivi de 24 semaines, les chercheurs ont mis en évidence une efficacité intéressante du tanezumab pour réduire la douleur chez les patients atteints de lombalgie chronique. Le médicament permettait également une amélioration sur le plan fonctionnel.
Une balance bénéfice risque à évaluer au cas par cas
Sur le plan de la tolérance, les essais menés sur le tanezumab dans le cadre du traitement de l’arthrose avaient révélé des effets secondaires sévères au niveau articulaire. Dans ce nouvel essai, aucun participant ne présentait de signes d’arthrose au moment de son inclusion dans l’étude. Au terme de l’étude, les complications articulaires se sont révélées relativement rares, ce qui permet d’envisager un rapport bénéfice sur risque favorable pour certains patients.
A terme, le tanezumab pourrait constituer une nouvelle alternative thérapeutique dans la prise en charge de la lombalgie chronique. La balance entre son efficacité sur les douleurs lombaires chroniques et les risques de complications articulaires devra cependant être précisément évaluée pour chaque patient, en comparaison des autres options thérapeutiques, telles que :
- Le recours à une chirurgie lourde, comme l’arthrodèse lombaire ;
- L’utilisation chronique de médicaments opioïdes ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
