Les effets du travail • Baisse de l’activité professionnelle • Les phases de diminution • Quelle stratégie ?
Les effets du travail
Importance du travail
- L’activité professionnelle confronte les individus entre eux. Cette confrontation amène sans arrêt de nouveaux challenges :
- comprendre les autres,
- convaincre les autres, échanger avec eux, s’adapter à eux,
- produire, construire, concevoir… quelque chose,
- faire mieux que d’autres, notamment les concurrents,
- s’adapter à de nouveaux contextes : changement de nature du travail, des technologies, des personnes avec qui l’on travaille, des procédures…
- L’activité professionnelle occupe de ce fait une place importante dans la vie de ceux qui en ont une. Elle y a un rôle social et personnel majeur.
- Ceux qui n’ont pas d’activité professionnelle développent souvent d’autres moyens d’avoir le même apport à travers une activité associative, familiale, sportive…
Socialisation
- « Le travail impose la vie en société et rend quasi impossible le repli sur soi ».
- Quasiment toute activité professionnelle impose une activité sociale par interaction avec d’autres personnes : employeur, supérieurs, collègues ou subordonnés, clients ou fournisseurs…
- Cette socialisation forcée existe moins dans la vie non professionnelle, dans laquelle le lien social résulte plutôt d’une volonté personnelle d’aller vers les autres.
- Un commercial sera poussé par son entreprise à aller vers ses clients, alors que chez lui personne ne le pousse à téléphoner à ses amis.
Image de soi
- Les challenges professionnels imposent de progresser, de se battre pour réussir, et quand la progression ou la réussite sont atteints, ils améliorent l’image de soi et augmentent la confiance en soi.
- Sans une stimulation extérieure de cette nature, toute personne a tendance à se replier sur elle-même, se scléroser dans sa tête et dans ses muscles… Sa confiance en elle et son image de soi se figent puis diminuent car elle ne progresse plus.
- Il suffit de constater comment des personnes actives et brillantes peuvent vieillir brutalement (ou « prendre un coup de vieux ») lorsqu’elles prennent leur retraite en restant inactives.
Activité physique
- Certaines activités professionnelles imposent une activité physique, soit liée au métier lui-même, soit liée aux transports à effectuer pour se rendre à son lieu de travail.
- Dans ce cas, l’interruption de l’activité professionnelle amène une baisse de l’activité physique qui devra être compensée par un effort personnel.
- Quelqu’un qui marche dans le métro pour aller à son travail devra, pour conserver sa forme physique, marcher autant chaque jour s’il interrompt son activité professionnelle.
Baisse de l’activité professionnelle
Incapacité physique
- La douleur amène une difficulté, voire une incapacité à effectuer certains gestes. Ceci constitue un handicap pour certaines activités professionnelles.
- La douleur peut aussi être gênante pour effectuer des déplacements indispensables au travail.
- La lombalgie pose problème à l’infirmière pour retourner un patient pour effectuer des soins, au commerçant pour porter des cartons pour approvisionner ses rayons, à l’employé pour utiliser des transports en commun pour se rendre à son travail, au commercial pour passer de longues heures en voiture…
- Toutefois, ces difficultés à accomplir les tâches de son travail ne sont qu’un des éléments amenant à la diminution de l’activité professionnelle. S’il n’y avait que cela, des solutions techniques pourraient souvent résoudre un problème technique.
Bénéfices induits
- La diminution de l’activité professionnelle peut être perçue, au moins à ses débuts, comme quelque chose d’agréable, d’autant plus si l’on effectue un travail peu valorisant, peu intéressant, si l’on s’entend mal avec ses collègues, si l’on a du mal à se lever le matin pour aller travailler…
- Les contraintes et désagréments liés au travail biaisent à la fois la perception de la douleur (qui est dramatisée) et l’évaluation des difficultés à accomplir son travail à cause de la douleur (qui sont exagérées).
- Ces mécanismes, généralement inconscients, limitent la motivation à maintenir l’activité professionnelle. Ils sont difficiles à identifier chez soi-même, même en étant de toute bonne foi.
Désadaptation
- L’homme est adapté à son environnement et ses activités. C’est vrai pour tout, y compris pour le travail. L’adaptation porte sur la capacité à effectuer des efforts physiques, intellectuels, à se concentrer, à résister à la fatigue, à entretenir une vie sociale, participer à des projets communs…
- La lombalgie en imposant une diminution ou un arrêt du travail fait perdre progressivement au patient cette adaptation au travail. Il a plus du mal à rester concentré longtemps, il résiste moins à la fatigue, il communique plus difficilement avec les autres…
- Plus la désadaptation progresse, plus il est difficile pour le patient de reprendre son activité professionnelle.
Les phases de diminution
Activité intacte mais douloureuse
- Dans un premier temps, le patient lombalgique continue à effectuer son travail tout en ayant mal. Il met en œuvre des actions pour réduire sa douleur (antalgiques, ceinture lombaire…) mais maintient son activité professionnelle intacte.
- Cette phase est totalement réversible. Si la douleur est contrôlée, l’activité professionnelle reste inchangée.
- Néanmoins, plus la lombalgie persiste, moins cette situation est supportée par le patient.
Adaptation de l’activité
- Dans un deuxième temps, le patient lombalgique modifie la nature et l’intensité de son activité et commence à en diminuer la durée.
- Il va éviter les tâches qu’il pense mauvaises pour son dos. Le risque alors est d’évoluer vers la sédentarité en diminuant toute activité physique, ce qui aggrave sa lombalgie.
- Les bénéfices induits commencent à apparaître avec une moindre implication dans le travail, l’abandon des tâches pénibles et un début d’absentéisme. Le désagrément de la douleur est partiellement compensé par ces bénéfices induits.
- Sans réaction volontaire du patient, cette phase est le début d’une évolution progressive et silencieuse vers la phase d’arrêt du travail.
Arrêt du travail
- L’arrêt de l’activité professionnelle amène une diminution rapide de la vie sociale (puisque celle-ci est majoritairement assurée auparavant dans la cadre du travail).
- Si l’on veut conserver une vie sociale, il faut alors faire des efforts personnels importants pour aller vers les autres.
- Or le patient lombalgique, lorsqu’il arrête son activité professionnelle (arrêt maladie) est dans un état physique et psychologique de faiblesse. Il a mal, souvent il doute de lui-même, a peur de son avenir… Il n’est pas dans l’état d’esprit d’aller vers autres.
- C’est pourquoi on constate souvent lors de l’arrêt du travail, un repli sur soi, qui entraîne une diminution de l’activité physique et intellectuelle, le doute, un manque de confiance en soi, une perte de l’envie, voire un début de dépression. Tous ces éléments rendent difficile la reprise du travail, d’autant plus que l’arrêt se prolonge.
- Pour un patient lombalgique, travailler n’est peut-être pas l’idéal mais s’arrêter est encore pire.
Quelle stratégie ?
Conserver au maximum son activité professionnelle
- Même si cela demande des efforts, si ce n’est ni facile ni plaisant, conserver au maximum son activité professionnel est un élément majeur de la prise en charge de la lombalgie chronique.
- L’arrêt du travail ne doit être envisagé que comme un traitement de crise, limité dans le temps, intervenant dans des phases de douleur élevée qui ne permet plus le maintien d’une quelconque activité physique. Dans ce cas, des efforts doivent être entrepris pour éviter la désadaptation et le repli sur soi.
Aménagement du travail
- Le poste de travail peut être aménagé pour diminuer les sollicitations excessives de la zone lombaire.
- L’adaptation peut constituer à diminuer les efforts les plus importants ou à les accomplir dans de meilleures conditions. L’adaptation peut aussi concerner les conditions dans lequel est accompli le travail : améliorer la position de travail en réglant la hauteur du siège et la position de l’écran pour les personnes travaillant sur ordinateur, régler l’assise conducteur pour ceux qui passent du temps en voiture…
- Par contre, l’adaptation ne doit pas mener à la sédentarité, qui aggrave la lombalgie. L’activité physique doit être maintenue, seuls les efforts les plus violent sont à diminuer.
- La médecine du travail ou le CHSCT (Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail) de votre entreprise peuvent vous aider dans cette démarche.
En cas d’arrêt…
- En cas d’arrêt du travail, il convient de limiter les facteurs qui risquent d’empêcher sa reprise.
- Pour cela, il faut :
- conserver une activité physique : la marche est généralement la base de cette activité,
- conserver une activité intellectuelle : lire, discuter, rédiger…
- conserver une vie sociale : sortir, aller vers les autres, rencontrer des gens, échanger avec eux…
- Enfin, votre objectif doit être de reprendre le plus vite possible le travail, y compris en l’aménageant. Chaque journée d’arrêt rend en effet plus difficile le retour à l’activité.